Une fin d’année pour les marchés à la hauteur de notre été peu ensoleillé ?
En cette fin septembre, synonyme de clôture du troisième trimestre, les indices actions offrent de belles performances depuis le début de l’année, excepté pour le marché chinois, – 10%.
En effet, les marchés montrent de solides progressions autour des
- 15% pour l’Europe (Stoxx 600),
- 18 % pour le marché américain (S&P 500) et
- 8,39% pour la place japonaise (Nikkei).
Toutefois, on remarque que depuis mi-juin pour les marchés européens et mi-juillet pour les marché US, ceux-ci font du sur-place, à quelques pourcentages près à la hausse ou à la baisse.
Se pose alors la question : reste-t-il du potentiel de hausse sur les marchés pour cette fin d’année ?
Alors autant le dire maintenant, cette question est actuellement difficile à trancher. Nous allons, néanmoins, tenter d’apporter quelques éléments de réponses en étudiant différents paramètres tels que :
- La croissance
- L’inflation
- L’évolution des taux
- Le reste
La croissance
De prime abord, on lit, ici ou là, que la reprise économique « post » Covid est forte, que globalement les entreprises cherchent à recruter….
Cependant, concernant la croissance, l’OCDE a certes récemment revu à la hausse ses prévisions de croissance en zone euro pour 2021 mais a, dans le même temps, laissé inchangé celle pour la Chine et dégradé celle des États-Unis.
« Ok, pas de panique », cela peut s’expliquer par un décalage temporel dans la reprise, celles des États-Unis et de la Chine ayant débutées en amont de la reprise européenne, et bien que revue à la baisse avec une prévision révisée à 6% pour 2021 outre-Atlantique, cela reste un chiffre très honorable. De même que globalement, les estimations pour 2022 sont à ce jour plutôt encourageante.
Mais d’autres signaux pourraient venir entraver cette marche en avant.
L’inflation
Alors là, nous sommes en plein débat entre spécialistes afin de savoir si l’augmentation de prix actuels est durable ou temporaire.
Vous pourriez vous dire, « bon, ok mon pouvoir d’achat va trinquer, mais un retour de l’inflation pourrait être une bonne chose pour les entreprises et donc les marchés financiers. »
Oui, en effet, mais ce n’est pas si évident et nous y reviendrons.
En attendant, est-elle durable ou non cette inflation ?
A en croire les banques centrales européenne et américaine, « Non ». Elle n’est due qu’au redémarrage rapide et brutal des économies à la suite d’un arrêt quasi-total des appareils de production pendant la crise sanitaire, créant ainsi pénuries et goulots d’étranglement, faisant grimper les prix le temps que tout revienne à la normale.
Cela peut s’entendre et est même presque intuitif. Cependant, il ne faut pas oublier la place prépondérante prise par les banques centrales depuis la crise de 2008, celles-ci devenant presque des garantes de marchés financiers bien portants et voulant éviter les crises. Ainsi, on peut se poser la question de leur totale objectivité, craignant une panique des marchés, à la moindre déclaration alarmiste. Enfin, notons que le discours de Jérome Powell (président de la Banque Centrale américaine) sur l’inflation a récemment changé, laissant penser qu’elle pourrait être un peu plus durable qu’anticipé initialement.
Tournons-nous maintenant vers les commentaires des économistes. Là encore il y a débat, avec toutefois, à ce jour, une prépondérance pour le camp du « temporaire ».
Nous voilà donc bien avancé, avec cette réponse de « normand ». La réalité est peut-être un mix avec des situations différentes entre la zone euro et les USA. En effet, un des indicateurs d’une inflation durable est l’enclenchement de la boucle « prix-salaire ». Cette dernière semble amorcée au pays de l’oncle Sam, avec par exemple McDonalds qui a revu le taux horaire de base de ses employés de 11 USD à 17 USD. Mais la situation en Europe est moins tendue sur le marché de l’emploi, et de façon générale, cette fameuse boucle n’est pour l’instant pas vraiment engagée.
L’évolution des taux
Comme nous l’évoquions plus haut, une inflation forte et durable aurait d’autres effets que ceux sur notre pouvoir d’achat, ce serait également le signal d’une action à la hausse sur les taux de la part des banques centrales. Or une remontée des taux et une fin des politiques accommodantes des banques centrales ne sont pas des thèmes très appréciés des marchés actions.
Pour s’en convaincre, il suffit de regarder en début d’année, entre mi-février et début mars, la baisse du marché US, +/- 4,5%, lors de l’amorçage de la remontée du taux 10 ans américain, de 1, 16% vers 1,60%.
En effet, liquidité abondante et taux bas soutiennent les cours de bourses, et un taux à 10 ans qui remonterait vers les 2,20%, pourrait entrainer, un arbitrage d’une partie des actifs investis en actions, plus risquées, vers les emprunts d’État américain à 10 ans jugés plus sûrs, et considérés sans risque.
Mais là, encore, les banquiers centraux et Jérome Powell en tête, veillent au grain, avec des déclarations très prudentes et savamment dosées pour rassurer les marchés quant à leurs futures actions.
Le reste
Le reste regroupe tous les autres « bruits » ambiants actuels. Essentiellement au moment d’écrire cet article, le dossier Evergrande, ce géant de l’immobilier chinois et sa dette colossale de 250 milliards d’euros. La crainte bien évidemment, c’est que sa faillite annoncée déclenche une avalanche d’effets collatéraux, tant ce conglomérat peut représenter un risque systémique. Cela n’est pas sans rappeler 2008 (Lehman Brithers). A ce jour, Evergrande a obtenu un sursis de 30 jours, il faudra donc surveiller l’évolution de ce dossier.
Il y a également de grandes questions autour de la remontée des prix des énergies au sens large, (pétrole, gaz, électricité…). Cette hausse pourrait entrainer des baisses de la consommation des autres biens et services de la part des ménages et ainsi ralentir la reprise économique. Il y a même des préoccupations sur la distribution des énergies avec des coupures de courant en Chine.
Enfin, le Coronavirus est toujours là, avec de grandes disparités concernant la vaccination à travers le monde, et notamment un retard conséquent de plusieurs pays asiatiques, contraints à des confinements, fermants des usines et des ports, ce qui là encore, pourrait freiner la croissance de l’économie.
En conclusion vous l’aurez donc compris, les marchés sont actuellement dans l’incertitude, et il n’y a pour l’instant pas de tendance claire qui se dessine. D’ailleurs l’indice de volatilité, le VIX, qui est un indicateur de risque sur les marchés, connait des séances avec de fortes hausses, signe que le marché est méfiant.
Dans ces conditions, il semble pertinent de réduire, sans pour autant l’annuler, l’exposition aux marchés actions de vos portefeuilles, en attendant des jours meilleurs.